«Notre objectif est d’appliquer la science de la longévité à la peau»

Docteur en génétique du vieillissement, Ivan de Weber est l’un des cofondateurs de The Age Tech et en dirige le pôle scientifique. Interview d’un homme au regard tourné vers l’avenir.

Pouvez-vous vous présenter en quelques mots ?

Dès mon plus jeune âge, j’ai été déterminé à ne pas vieillir. A la suite de l’obtention d’un doctorat en génétique du vieillissement à l’Université de Genève, j’ai dirigé des projets dans les secteurs de la génétique, la médecine personnalisée et la recherche pharmaceutique. Une des approches sur lesquelles je travaille allie bio-informatique et intelligence artificielle ; elle a comme objectif de diminuer les coûts et délais de développement des produits pharmaceutiques. Il me semble néanmoins primordial d’agir en parallèle via des voies encore plus directes afin d’obtenir des résultats concrets sur le court-terme.  Après avoir notamment amené des concepts d’épigénétique dans le secteur des compléments alimentaires, j’ai donc décidé de m’attaquer à la cosmétique.

Expliquez-nous comment l’aventure The Age Tech s’est concrétisée ?

Il y six ans de cela, une ancienne camarade de classe de mon université m’a introduit à une amie qui voulait faire quelque chose dans la cosmétique, mais qui nourrissait des doutes et se posait des questions légitimes. De mon côté, j’avais pour plan d’utiliser des propriétés épigénétiques afin de pousser la peau vers un phénotype plus jeune. Je l’ai convaincue de la pertinence de mon approche. Comme nous partagions beaucoup de points de vue par rapport à la cosmétique d’aujourd’hui – pour la plupart critiques – nous avons décidé de créer une marque basée sur la science du vieillissement, l’efficacité et la simplicité d’utilisation.

En quoi The Age Tech se distingue d’autres sociétés de cosmétique ?

Nous ne sommes pas vraiment une société de cosmétique, plutôt une start-up de biotech orientée vers une cosmétique fonctionnelle. Nous appliquons des connaissances de biologie moléculaire aux mécanismes du vieillissement cutanés.

“Les formulations actuellement sur le marché sont généralement davantage focalisées sur l’optimisation du rapport coût/efficacité marketing dans la conception de leurs produits que sur une vraie solution.”

Vous clamez vouloir révolutionner la cosmétique anti-âge, n’est-ce pas un peu prétentieux pour une start-up qui débute ?

C’est encore pire! L’anti-âge est plus un secteur qu’un effet – notre objectif est de concevoir des produits dont les propriétés sont vraiment «anti-âge», de créer la vraie cosmétique anti-âge, ou plutôt d’appliquer la science de la longévité à la peau. C’est un challenge, je vous l’accorde, mais l’approche épigénétique est clairement la bonne. Les formulations actuellement sur le marché sont généralement davantage focalisées sur l’optimisation du rapport coût/efficacité marketing dans la conception de leurs produits que sur une vraie solution. De surcroît, les outils de recherche utilisés en biologie cellulaire n’ont pas évolué significativement alors que les connaissances dans le domaine, elles, produisent plusieurs milliers de fois plus de données qu’il y a une décennie. En bref, l’industrie a un gros retard sur le progrès.

À quel type de peau s’adresse votre produit ? Est-il nécessaire d’avoir un certain âge pour pouvoir l’utiliser ?

Les mécanismes intrinsèques au vieillissement ne dépendent pas du type de peau. Je dirais donc toutes les peaux saines, qui ne sont pas soumises à d’autres traitements dermatologiques. Suivant le point de vue, on pourrait considérer que l’on vieillit avant même de naître… Je n’irais cependant pas jusqu’à proposer le sérum à des nouveaux-nés prématurés. Pour être large, une fois que l’adolescence et les traitement anti-acné sont terminés, je pense qu’il faut commencer à prévenir le vieillissement. Cela semble un peu extrême, néanmoins n’importe quel médecin m’accordera qu’il est nécessaire de protéger les enfants contre le soleil ; soleil qui engendre notamment le vieillissement de la peau et tumeurs qui viennent malheureusement parfois avec…

Pourquoi avoir recouru à onze ingrédients actifs, et pas davantage ?

Je ne suis pas spécialiste en numérologie. Il s’agissait simplement de pouvoir faire tenir un maximum d’effets synergétiques et adresser les causes et effets principaux du vieillissement cutané dans un seul produit. La sélection des molécules se fait simultanément sur la base des mécanismes épigénétiques et voies métaboliques dans lesquelles elles sont impliquées, leur efficacité en études cliniques, leur complémentarité, et leurs synergies.

Quels défis vous reste-t-il à affronter en tant que jeune entreprise arrivant sur le marché ?

L’anti-âge, dans le domaine de la cosmétique en particulier, a beaucoup trompé et déçu… Le défi est de faire parler de nous, convaincre la clientèle que nous ne faisons pas partie de ce vieux mensonge, et que nous travaillons réellement sur la modulation des mécanismes du vieillissement de la peau. C’est un peu comme séduire une femme qu’on a déjà trompé, sans même la connaître.

 

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